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Ýññå "Êàðë Âåëèêèé" (íà ôðàíöóçñêîì ÿçûêå). Íàòàëèÿ Ëóãîâàÿ, 2011. Essai "Charles I Le Grand". Auteur Nataliya Lugovaya, 2011
PLAN I. Le portrait de Charlemagne et sa mode de vie. 2.2.Une construction territoriale: l'Occident carolingien. 2.3. Une construction idéologique: l'empire. 2.4. Une construction politique: l'État carolingien. 2.5. Une construction intellectuelle: la Renaissance carolingienne. 2.6. Charlemagne: l'homme et le mythe.
Cet exposé est consacré à Charles I Le Grand. Le but principal est d’analyser sa vie et de montrer son rôle dans l’histoire de la France. Le sujet se présente actuel, parce que ce thème permet de mettre en evidence le rôle que les grandes personnes jouaient dans la vie, dans le développement du pays et de montrer comment elles influencaient la vie tous les peuples de l’époque. Pour atteindre le but de l’exposé présent, nous nous proposons comme objectifs les tâches suivantes: - étudier la littérature française et russe consacrée à la vie Charles Le Grand et à l’époque où Charles vivait; - révéler les périodes importantes de la vie de Charles Le Grand; - montrer la personnalité de Charles Le Grand; - analiser les actions de Charles Le Grand qui ont joué le rôle le plus important dans l’histoire de la France. Le but de notre exposé et ses objectifs ont déterminé la choix des méthodes d'investigation: - les méthodes générales de connaissance théorique et empirique, - la méthode d'investigation des publications monographiques, des articles de presse, des matériels didactiques; - la méthode de généralisation, - les méthodes d’analyse et de synthèse du matériel, - la méthode comparative. La structure de l’exposé est déterminée conformément aux objectifs posés et comprend Introduction, 2 Chapitres et Bibliographie.
Charlemagne (Charles I Le Grand). Aucun autre nom que le sien n’est plus connu de tout les Francais depuis leur plus tendre enfance notamment grâce, ou à cause, de la politique de la Troisième République française qui en fit le fondateur de l’école et immortalisé en tant que tel beaucoup plus tard, en 1964, par la chanson de France Gall. Ainsi, cette simple chanson met en exergue la légende de Charlemagne en France, roi avant tout auréolé de légendes et de mythes qui gravitent autour de lui depuis sa mort en 814. Derrière ce nom se cachent de multiples figures[1]. Dans l’histoire de l’Europe médiévale il est un “des personnages les plus importants du folklore historique, et des plus fortement identificatoires[2]” don’t la survivance a imprégné plus d’un millénaire de notre histoire. Revendiqué pendant des années par les français comme l’un de leurs plus grands rois ainsi que par les différentes nationalités de l’Empire comme leur empereur et saint protecteur, Charlemagne est un personnage que l’om qualifie aujourd’hui d’européen. Cependant il n’est pas sans difficulté de voir ce personnage comme “père fondateur” de l’Europe si l’on regarde de plus près les déchirements qu’il y a eu pendant des siècles autour de la figure de Charlemagne. Source de nombreux écrits depuis IX siècle en France, il est depuis presque d’un siècle et demi devenu un fantôme dans l’histoire de France, un sujet peu traité par les historiens, surtout dans sa globalité. Charlemagne domine l’époque médiévale par son aura. La légende s’empare très vite du personnage qui est le restaurateur d’un empire, le fondateur de l;Empire d’Occident. Véritable roi-empereur modéle il devient un enjeu multiple. Sa survivance se retrouve dans l’art sous diverses formes (peinture, sculpture, tissées, iconographie) mais aussi dans divers domaines variés de l’histoire. Charlemagne a réussi à capter l’imaginaire populaire avec une très forte intensité. Idéalisé comme empereur d’Allemagne, premier roi de France adulé ou encore exemple de saint, il est le personnage à la genèse d’un renouvea dans l’Occident médiéval. Sa personnalité lui vaut d’être immortalisé par l’épopée française, souvent en relation avec des légendes gravitant autour de la mort de Roland, voire plus globalement autour de l’Espagne. Il est des rois qui laissent une trace dans l’histoire par leurs actions, leurs victoires, voire leurs échecs. Charles est resté dans les mémoires pour ses exploits guerriers que les épopées françaises ont développés, et qui se sont exportés dans tout l’Occident chrétien. Charlemagne est un héros qui joue un rôle dans le développement et la transformation de la nation France. Il est roim figure de légitimité pour toutes les dynasties successives, supplantant Clovis dans les origines de la “nation”. Personnage historique, il est l’un, voire le plus grand souverain de la France. Homme mythico-historique, il est un point stratégique de l’histoire de l’Europe.
I. Le portrait de Charlemagne et sa mode de vie Charlemagne est né en 747 après Jésus-Christ, quelque part vers Liège, de l'union royale du roi Pépin et de la reine Berthe. Son père, lui, était très petit : on le surnommait pour cela Pépin "Le Bref". La mère de Charlemagne, elle, avait de grands pieds! Au total, Charlemagne était un mélange de soldat et de campagnard. Attaché aux traditions de son peuple, il aimait l'exercice physique mais aussi l'étude. D'une large et robuste carrure, il était d'une taille élevée (1m92), sans rien d'excessif d'ailleurs, car il mesurait sept pieds de haut. Il avait le sommet de la tête arrondi, de grands yeux vifs, le nez un peu plus long que la moyenne, de beaux cheveux blancs, la physionomie gaie et ouverte. Aussi donnait-il, extérieurement, assis comme debout, une forte impression d'autorité et de dignité. On ne remarquait même pas que son cou était gras et trop court et son ventre trop saillant, tant étaient harmonieuses les proportions de son corps. Il avait la démarche assurée, une allure virile. La voix était claire, sans convenir cependant tout à fait à son physique. Doté d'une belle santé, il ne fut malade que dans les quatre dernières années de sa vie, où il fut pris de fréquents accès de fièvre et finit même par boiter. Mais il n'en faisait guère alors qu'à sa tête, au lieu d'écouter l'avis de ses médecins, qu'il avait pris en aversion parce qu'ils lui conseillaient de renoncer aux mets rôtis auxquels il était habitué et d'y substituer des mets bouillis. Il s'adonnait assidûment à l'équitation et à la chasse. C'était un goût qu'il tenait de naissance, car il n'y a peut-être pas un peuple au monde qui, dans ces exercices, puisse égaler les Francs. Il aimait aussi les eaux thermales et s'y livrait souvent au plaisir de la natation, où il excellait au point de n'être surpassé par personne. C'est ce qui l'amena à bâtir un palais, à Aix et à y résider constamment dans les dernières années de sa vie. Quand il se baignait, la société était nombreuse : outre ses fils, ses grands, ses amis et même de temps à autre la foule de ses gardes du corps étaient conviés à partager ses ébats et il arrivait qu'il y eût dans l'eau avec lui jusqu'à cent personnes ou même davantage. Il portait le costume national des Francs : sur le corps, une chemise et un caleçon de toile de lin ; par-dessus, une tunique bordée de soie et une culotte ; des bandelettes autour des jambes et des pieds ; un gilet en peau de loutre ou de rat lui protégeait en hiver les épaules et la poitrine ; il s'enveloppait d'une saie bleue et avait toujours suspendu au côté un glaive dont la poignée et le baudrier étaient d'or ou d'argent. Parfois il ceignait une épée ornée de pierreries, mais seulement les jours de grandes fêtes ou quand il avait à recevoir des ambassadeurs étrangers. Mais il dédaignait les costumes des autres nations, même les plus beaux, et, quelles que fussent les circonstances, se refusait à les mettre. Il ne fit d'exception qu'à Rome où, une première fois à la demande du pape Hadrien et une seconde fois sur les instances de son successeur Léon, il revêtit la longue tunique et la chlamyde et chaussa des souliers à la mode romaine. Les jours de Fête, il portait un vêtement tissé d'or, des chaussures décorées de pierreries, une fibule d'or pour agrafer sa saie, un diadème du même métal et orné lui aussi de pierreries ; mais les autres jours, son costume différait peu de celui des hommes du peuple ou du commun. Il se montrait sobre de nourriture et de boisson, surtout de boisson car l'ivresse, qu'il proscrivait tant chez lui que chez les siens, lui faisait horreur chez qui que ce fût. Pour la nourriture, il lui était difficile de se limiter autant, et il se plaignait même souvent d'être incommodé par les jeûnes. Il banquetait très rarement, et seulement aux grandes fêtes, mais alors en nombreuse compagnie. Normalement, le dîner ne se composait que de quatre plats, en dehors du rôti que les veneurs avaient l'habitude de mettre à la broche et qui était son plat de prédilection. Pendant le repas, il écoutait un peu de musique ou quelque lecture. On lui lisait l'histoire et les récits de l'antiquité. Il aimait aussi se faire lire les ouvrages de saint Augustin et, en particulier, celui qui est intitulé la Cité de Dieu. Il aimait la simplicité, la liberté, il avait beaucoup de tactiques militaires, il adorait l'équitation, la chasse et la natation où il était imbattable. Il était rarement malade. Il dormait peu, était énergique, mangeait modérément et détestait l'ivrognerie. La légende dit qu'il possédait une force exceptionnelle et qu'avec ses mains, il écartait les deux extrémités d'un fer à cheval. Attentif à sa famille comme à son entourage, il était généreux. Charlemagne n'a pas inventé l'école car il ne savait ni lire, ni écrire. Il parlait quand même le grec et le latin, et il a encouragé le développement du savoir et des arts.
Petit-fils de Charles Martel, Charles est le fils aîné des enfants de Pépin le Bref et de Bertrade. Le 24 septembre 768, il hérite d'une partie du royaume franc de son père (la majeure partie de l'Austrasie et de la Neustrie, ainsi que la partie occidentale de l'Aquitaine), l'autre revenant à son frère cadet, Carloman (faction orientale de l'Aquitaine, Provence, Septimanie, Bourgogne, Alsace, Alémannie et quelques territoires en Austrasie et en Neustrie). Charles entre rapidement en conflit avec son frère, dont les terres sont enserrées par les siennes. Les tensions s'accroissent lorsque Charles répudie sa première épouse pour se marier avec la princesse Désirée (fille de Didier, roi des Lombards); cette politique matrimoniale inquiète en effet Carloman, dont le royaume se trouve désormais dangereusement enclavé entre les possessions de son frère et celles du roi des Lombards. Parallèlement, et afin de contenter le pape en conflit territorial avec le roi des Lombards, Charles intervient auprès de son beau-père pour qu'il restitue à la papauté les cités et les « patrimonia » contestés. L'échec de la voie diplomatique amène le roi franc à répudier Désirée, et à épouser Hildegarde, issue de la maison ducale alamanne (771). Ces troisièmes noces ne font qu'accentuer le conflit qui l'oppose à son frère, dont le royaume se voit encore plus étroitement encerclé par les possessions de Charles. La mort de Carloman, le 4 décembre 771, empêche la guerre fratricide d'éclater et permet à l'aîné des deux frères de reconstituer à son profit l'unité du regnum Francorum (le royaume franc). Pour parvenir à un tel résultat, il lui faut écarter du trône les deux fils en bas âge du défunt, qui se réfugient avec leur mère à la cour du roi des Lombards, Didier ; ce dernier s'attache aussitôt à préparer un coup d'État en leur faveur dans le royaume franc, afin d'éviter une intervention de Charles à l'est des Alpes. Le pape Adrien Ier (de 772 à 795), refusant de sacrer les fils de Carloman malgré la pression du roi Didier, fait appel à Charles qui, après l'échec de sa tentative de négociation, se résout à intervenir dans la péninsule italienne. Les troupes franques, concentrées à Genève en mai 773, franchissent les Alpes et, très vite, s'emparent de Vérone, où elles capturent Adalgise, le fils du roi des Lombards, ainsi que la veuve et les deux fils de Carloman. En septembre 773, Charles met le siège devant Pavie où s'est retiré Didier. La ville capitule en juin 774, et Didier, arrêté, est envoyé en captivité à Liège. Plutôt que d'annexer le royaume de Didier, Charlemagne se proclame lui-même roi des Lombards : les actes officiels lui accordent, à dater du 5 juin 774, le double titre de rex Francorum et Langobardorum (auquel il ajoute, dès le 16 juillet suivant, celui de patricius Romanorum, qui lui a été attribué par le pape Étienne II en 754, durant le règne de Pépin). Respectant l'autonomie institutionnelle des Lombards, Charlemagne se contente de nommer quelques comtes francs à la tête des grandes divisions administratives du royaume, et de mettre à leur disposition la garnison de Pavie. À la fin de l'année 775, le duc de Frioul se révolte pourtant, mais sa tentative est rapidement brisée, et l'Italie du Nord définitivement soumise, bien avant que le duché de Bénévent ne soit réduit en 786-787 à la condition d'État tributaire.
2.2. Une construction territoriale : l'Occident carolingien En 46 années de règne et en 53 campagnes militaires, Charles va peu à peu réunir sous son autorité la majeure partie de l'Europe occidentale et constituer le plus vaste rassemblement territorial que l'Occident ait connu depuis l'Empire romain ; à sa mort, seules échapperont au contrôle des Francs la Bretagne et, bien sûr, l'Espagne et les îles Britanniques. Pratiquant la christianisation forcée comme instrument d'assimilation, Charles va parachever son œuvre de rassemblement en ressuscitant la notion d'empire d'Occident, perdue depuis l'effondrement de Rome, en 476, et dont le souvenir était perpétué par l'enseignement des clercs. Tous les ans, en mars ou en mai, les hommes libres, astreints au service militaire, sont convoqués avec leur équipement à une assemblée générale: pendant que l'empereur et les grands font un tour d'horizon des problèmes concernant l'État, l'armée se prépare; puis, les buts de guerre fixés, la cavalerie franque s'ébranle à la conquête d'un empire. L’expédition qui se terminait en automne. Cette armée était composée de cavaliers combattant à cheval et de fantassins combattant à pied. Les cavaliers étaient en général de grands propriétaires. Comme ils étaient riches, ils pouvaient acheter un cheval et un équipement complet. Leurs armes offensives étaient une épée, une lance, un arc et douze flèches ; leurs armes défensives : un bouclier rond, un capuchon en cuir surmonté d'un casque, une brogne ou tunique recouverte d'anneaux en métal et prolongée par un jupon de cuir. Les fantassins étaient les paysans appelés au service. L'expédition était ruineuse pour eux : ils devaient quitter leurs champs au moment où ceux-ci avaient le plus besoin d'être cultivés. De plus, ils devaient acheter leurs armes et n'avaient pas toujours assez d'argent pour se procurer un équipement complet. Les guerres de Charlemagne furent entreprises en faveur du christianisme. Il vainquit les Lombards qui habitaient le nord de l'Italie et étaient en guerre avec le pape, chef des chrétiens. La guerre la plus longue de Charlemagne fut celle qu'il soutint contre les Saxons, habitants de la Germanie. Ils étaient païens ; ils adoraient un tronc d'arbre, l'irmunsul. Contre eux, Charlemagne mena iuie guerre féroce pour les obliger à se convertir au christianisme. En un seul jour, il fit couper la tête à 4.500 prisonniers. Les Saxons épouvantés finirent par se soumettre et leur chef Witiking se fit baptiser. En Germanie, objet de ses préoccupations essentielles, Charlemagne entreprend de soumettre les peuples germaniques restés hors de la mouvance franque. Il lui faudra trente ans pour vaincre les Saxons qui, installés dans une région d'accès difficile, mènent une guerre de partisans derrière un chef célèbre, Widukind. L'armée carolingienne se révèle ici impuissante, et Charlemagne ne viendra à bout de la résistance saxonne qu'en recourant à la terreur: massacre des prisonniers ; ravage systématique du pays, notamment en 784-785; déportations massives, comme en 804 ; conversions forcées (de Widukind en 785). Dans le même temps, des routes et des fortins sont construits, qui permettent l'implantation de groupes francs. À la suite de la soumission de la Saxe, la Frise, voisine, doit accepter la tutelle franque. Quant à la Bavière, elle est annexée en 788 à la suite des rébellions continuelles de son duc, Tassilon, pourtant vassal de Charlemagne. Cette unification de la Germanie met l'Occident carolingien en contact avec les Danois, les Slaves de l'Elbe, les Avars de la plaine hongroise ; ces derniers sont vaincus en 796 et leur organisation politique est détruite. Au nord, l'empereur doit faire face aux premiers raids scandinaves. Il combattit aussi les Arabes. Etablis en Espagne, ceux-ci luttaient contre les chrétiens pour les obliger à devenir musulmans. Au retour d'une expédition, son arrière-garde fut écrasée à Roncevaux. Le récit de ce combat a inspiré la magnifique histoire qu'on appelle la chanson de Roland. Dernier secteur d'intervention, l'Espagne. La volonté d'expansion de Charlemagne le pousse au-delà des Pyrénées, en 778; les circonstances sont favorables : trêve du côté saxon ; appel de petits princes musulmans du nord de l'Espagne, en rébellion contre l'émir de Cordoue. La campagne débute victorieusement par la prise de Pampelune, mais un soulèvement des Saxons oblige Charles à lever précipitamment le siège de Saragosse. Au retour, franchissant les Pyrénées à Roncevaux, son arrière-garde est attaquée et détruite par les Basques (qui habitent le nord de l'Espagne et le sud de la Gascogne, et que Charlemagne n'a jamais réussi à soumettre) et par des musulmans. L'épopée s'est emparée, en le déformant, de cet événement et a magnifié ses protagonistes, l'empereur Charles et Roland. Les annales nous apprennent qu'Éginhard, le comte du palais, et Roland, préfet des Marches de Bretagne, furent tués dans ce combat. Les textes contemporains ont minimisé ce fait ou l'ont passé sous silence ; or ce fut un véritable désastre. Mais Charlemagne revient à la charge à la fin du VIIIe siècle et réussit à conquérir une partie de la Catalogne sur les musulmans: Barcelone est prise en 801. En temps de paix, il vivait dans une de ses nombreuses villas. Il préférait à toutes celle d'Aix-la-Chapelle, ville oùjaillissent des eaux chaudes, et il y avait fait construire une immense piscine. Charlemagne pratiquait, en effet, tous les exercices du corps, en particulier, la chasse et la nage.
2.3. Une construction idéologique: l'empire Par ces diverses mesures se trouve donc préparée la fusion en un seul État des différents territoires placés sous l'autorité de Charlemagne. Mais ce n'est pourtant qu'à l'extrême fin du VIIIe s. que le terme « empire » apparaît pour désigner cette nouvelle entité politique. Il n'a alors d'autre signification que territoriale et il n'est employé, même par le contemporain Alcuin, que pour désigner une construction politique dépassant le cadre national traditionnel dans lequel ont vécu les Barbares depuis le temps des grandes invasions. La restauration de l'empire en Occident est le fait majeur du règne de Charlemagne. Charlemagne a marqué des hésitations, qui peuvent s'expliquer par l'existence de plusieurs conceptions de l'empire à cette époque: – une idée romaine, qui fait de l'empereur le souverain suprême du monde civilisé; mais l'empereur d'Orient incarne déjà cette idée; – une idée religieuse, selon laquelle l'empereur est le chef temporel d'un empire chrétien, dont le véritable dirigeant est le pape; cette idée, si elle ignore l'empereur d'Orient, les conflits entre les Églises étant permanents, subordonne l'empereur au pape; – une idée de fait, l'empereur étant celui qui domine plusieurs royaumes; c'est le cas de Charlemagne, mais alors le titre impérial se réduit à une simple dignité qui n'apporte aucun surcroît de puissance à celui qui le porte. Le processus de restauration de l'empire se mit en route en 798: une émeute éclate à Rome contre le pape Léon III, dont la moralité est suspectée. Le souverain pontife vient voir Charles à Paderborn et le principe d'une intervention en Italie est retenu; l'idée d'une restauration de l'empire est probablement envisagée. Le concile décide également de restaurer l'empire et de préparer la cérémonie du sacre. Le cérémonial retenu est calqué sur celui de Constantinople, encore qu'une entorse importante y est apportée : à Constantinople le rôle du patriarche byzantin reste secondaire; à Rome, en revanche, le pape prend l'initiative, en couronnant Charles «empereur des Romains», de « faire l'empereur ». Au dire d'Éginhard, le nouvel élu se montra d'ailleurs fort mécontent du déroulement de la cérémonie: Charles n'entendait pas dépendre de la papauté ; jusqu'à sa mort, Charlemagne va s'efforcer de corriger le sens de cette cérémonie. D'une part, tout en portant le titre d'empereur, il conserve sa titulature traditionnelle ; il est roi des Francs et roi des Lombards : sa puissance réelle vient de là et non du titre impérial. D'autre part, peu avant sa mort, il couronne à Aix son fils Louis le Pieux, signifiant ainsi au pape qu'il n'a pas à intervenir dans cette cérémonie toute laïque. Cette conception de l'empire ne survivra pas à Charlemagne, puisque Louis le Pieux redonnera au pape l'initiative de faire l'empereur.
2.4. Une construction politique: l'État carolingien Charlemagne gouverne avec autorité son royaume. Il cherchait à tirer des ressources abondantes des villas qu'il possédait. A ses fermiers, il adressait des recommandations sur les meilleures façons de cultiver les plantes utiles, de faire le vin, de préparer la viande salée pour la conserver. Il ordonna aux paysans de payer la dîme c'est-à-dire de donner aux prêtres le dixième de leur récolte pour l'entretien des églises. Charlemagne voulait être obéi des comtes qui, en son nom, gouvernaient une partie du royaume. Il les faisait surveiller par ses envoyés, qui lui faisaient connaître la manière dont ses ordres étaient exécutés. Les mauvais gouverneurs étaient punis. Charlemagne a consacré les dernières années de sa vie à l'organisation de ce Saint Empire romain d'Occident qui, malgré son nom, était bien plus germanique que méditerranéen. Sans innover en matière de gouvernement – il a repris les usages francs, il a tenté de doter ses territoires d'une organisation étatique cohérente et unifiée. Au niveau central, il gouverne avec les nombreux courtisans et serviteurs rassemblés dans le « palais ». Les conseillers les plus importants n'ont pas nécessairement de titres auliques (c'est-à-dire caractéristiques de la noblesse de la cour impériale); mais les charges de comte du palais et d'archichapelain émergent au-dessus de celles, mi-domestiques, mi-politiques, de bouteiller ou de chambrier. Ce palais se déplace sans cesse, de domaines royaux en domaines royaux : les besoins de nourriture de la cour imposent cette migration, les nécessités politiques également, car dans ce vaste empire le prince doit se montrer pour être obéi. Toutefois, impressionné par Ravenne, l'ancienne capitale impériale, et par Pavie, la capitale lombarde, Charles fait édifier, à partir de 794, Aix-la-Chapelle, où il résidera de plus en plus souvent après 800. Les décisions prises au palais sont annoncées lors des assemblées et appliquées par l'administration. On l'a dit, le départ de l'armée est annuellement l'occasion d'une vaste réunion des notables, clercs et laïcs, du royaume : les mesures élaborées et discutées par l'assemblée sont consignées dans un texte législatif, lu à tous les hommes libres présents : le capitulaire. Ce texte est transmis aux agents locaux du pouvoir, et d'abord aux comtes. Le comte, juge, percepteur des amendes et des impôts indirects (les seuls existants), et chef des contingents militaires locaux, est le représentant permanent de l'empereur dans l'un des trois cents comtés qui partagent l'empire. Des inspecteurs itinérants, les missi dominici («envoyés du maître») font des tournées pour contrôler les comtes. Aux frontières, un personnage investi de pouvoirs militaires tient parfois en main plusieurs comtés, qui forment une marche : il est le duc, ou le comte, de la marche. Les distances et les difficultés de communication, constantes au Moyen Âge, et surtout les particularismes ethniques et la structure sociale rendent fragile et peu efficace cette construction, cependant cohérente. Pour obvier aux inconvénients des particularismes, Charlemagne a érigé en royaumes satellites, confiés à ses fils, les territoires mal assimilés au monde franc, comme l'Aquitaine ou l'Italie. L'obstacle constitué par les structures sociales est plus grave : la terre est la seule richesse et la société est dominée par une aristocratie détentrice de cette richesse ; dans ces conditions, une structure politique centralisée est vouée à l'échec. Le comte, nommé et révoqué par l'empereur, ne peut être rétribué que par la concession d'une terre publique : les comtes, et cela dès Charlemagne, ont tendance à faire entrer ce bien dans leur patrimoine et à agir à leur guise. Pour contrer ces forces centrifuges, Charlemagne use de divers remèdes : serment de fidélité imposé à tous les hommes libres ; utilisation des cadres ecclésiastiques au profit de l'État, l'évêque tenant dans sa cité le rôle du comte ; concessions de diplômes d'immunité aux grandes abbayes; utilisation des liens privés de dépendance, l'empereur recevant l'hommage de nombreux vassaux, à qui il concède une terre en usufruit, et obligeant les comtes à entrer dans sa vassalité. Malgré sa volonté et son prestige, Charlemagne n'a pu que contenir ces forces de désagrégation, non les maîtriser.
2.5. Une construction intellectuelle: la Renaissance carolingienne Charlemagne, qui n’avait pourtant rien d’un empereur romain à sa naissance va peu à peu acquérir la volonté de restaurer un ordre culturel. Sensibilisé à la culture latine, chose fort rare à une époque où le roi doit avant tout savoir manier une épée. Charlemagne va se fonder sur la culture latine pour lancer son ambitieux projet. Le roi est conscient que son royaume ne peut atteindre le niveau qu'il s'est fixé sans l'enseignement et l'éducation. Il se lance donc dès les premières années de son règne dans une entreprise démesurée pour former une élite cultivée et compétente. Une grande série de mesures sont promulguées et l'histoire nomme ce mouvement la "renaissance carolingienne" Pour disposer d'administrateurs compétents, Charlemagne favorisa un renouveau des études et créa l'École du palais, que dirigea le célèbre Alcuin. Les nécessités religieuses l'amenèrent également à concevoir une Charlemagne participa aussi aux débats théologiques de son temps. Au concile de Francfort (794), il fit condamner l'iconoclasme et l'adoptianisme espagnol. D'une manière générale, l'empereur encouragea un véritable élan vers la culture – facilité par l'ouverture de l'empire sur des régions où la culture antique s'était conservée (Italie, Espagne, Angleterre, Irlande), ce qui permit, sous son règne et sous celui de son fils Louis le Pieux, l'éclosion d'une brève mais brillante «renaissance carolingienne» dans le domaine des arts et des lettres (et qui assura notamment la survie de nombreux manuscrits latins): l'Anglo-Saxon Alcuin, le Lombard Paul Diacre, le Wisigoth Théodulf, le Franc Angilbert contribuèrent à relancer le goût pour la culture antique et, dans leurs écrits, à restaurer la langue latine. La volonté d'imiter l'Antiquité marque également la renaissance artistique : le décor architectural, la sculpture sont calqués sur l'art romain. Mais on note aussi une ouverture aux influences extérieures, irlandaises dans les manuscrits à peintures, byzantines dans le décor à mosaïques. L'architecture connaît un brillant essor : les constructions religieuses obéissent aux besoins de la piété populaire (grandes églises, cryptes et déambulatoires pour abriter les reliques dont le culte se répand) ou aristocratique (Germigny, chapelle de campagne de Théodulf, chapelle palatine d'Aix, conçue pour le service divin du palais). La construction des palais d'Aix et d'Ingelheim témoigne du renouveau de l'architecture civile. Mais l'état arriéré de l'économie, la faiblesse des échanges, l'insuffisance des cadres administratifs et les invasions normandes provoquèrent la dislocation rapide d'une construction politique aussi impressionnante qu'éphémère, que l'empereur avait d'ailleurs songé à partager entre ses trois fils, avant de couronner Louis comme son héritier en 813.
2.6. Charlemagne: l'homme et le mythe On connaît Charlemagne grâce à son conseiller Eghinard et à ce qu'il a accompli durant sa longue vie. Éginhard, qui a écrit l'histoire du règne (Vie de Charlemagne), décrit l'empereur comme un homme vigoureux, très grand, portant moustache (et non la barbe), vêtu simplement du costume du guerrier franc, passionné de chasse et gros mangeur. Peu cultivé lui-même, Charlemagne sut toutefois s'entourer des meilleurs esprits de son temps et servit l'Église avec une foi sincère. Après sa mort en 814, son règne apparaîtra vite comme un âge d'or perdu et la légende s'emparera de ce personnage hors du commun. La figure de Charlemagne, empereur à la barbe fleurie, désormais mythique survécut dans les chansons de geste (la Chanson de Roland, la Chanson des Saisnes), et les romans de chevalerie où il apparaît comme l'infatigable défenseur de la foi et de la justice, avant de prendre des traits comiques, au moment où le pouvoir royal cède devant l'expansion féodale (le Pèlerinage de Charlemagne). Frédéric Barberousse fit canoniser en 1165, par l'antipape Pascal III, le souverain qui devait rester un modèle pour toutes les monarchies européennes.
Empereur illustre, Charlemagne est devenu un héros et une figure tutélaire. Aucun monarque n’a été plus loué que Charlemagne ; il a réuni en sa faveur les guerriers, les évêques, les hommes de loi et les gens de lettres; les politiques lui ont reproché d’avoir tout réglé dans l’Etat, excepté la succession au trône, qu’il laissa à la merci des factions, et d’avoir multiplié ces assemblées où le pouvoir royal s’affaiblit nécessairement, ce qui ne s’accordait pas avec l’étendue donnée à l’empire. Il a surmonté tous les obstacles par son génie, son courage, son activité, et l’art de distribuer les récompenses. Sa renommée remplissait l’Orient. Il recevait les députés du patriarche de Jérusalem, les ambassadeurs des empereurs Nicéphore et Michel, et les deux ambassades que lui envoya Aaron Al-Rachyd, le plus célèbre des califes abbassides. Il assemblait des conciles, des parlements, publiait les Capitulaires, les Livres Carolins, et faisait admirer en lui le conquérant et le législateur. Son empire comprenait toute la France, la plus grande partie de la Catalogne, la Navarre et l’Aragon; la Flandre, la Hollande et la Frise; les provinces de la Westphalie et de la Saxe jusqu’à l’Elbe; la Franconie, la Souabe, la Thuringe et la Suisse ; les deux Pannonies, c’est-à-dire l’Autriche et la Hongrie, la Dacie, la Bohême, l’Istrie, la Liburnie, la Dalmatie, et différents cantons de l’Escalvonie; enfin toute l’Italie jusqu’à la Calabre inférieure. Pourtant, Charlemagne peut être considéré comme le « Père de l'Europe », pour avoir assuré le regroupement d'une partie notable de l'Europe occidentale, et posé des principes de gouvernement dont ont hérité les grands États européens. Chaque année, un prix Charlemagne est décerné à Aix-la-Chapelle à une personnalité qui a œuvré en faveur de l’Europe. Charlemagne a été mis au nombre des saints par l’antipape Pascal III, l’an 1165. Louis XI fixa sa fête au 28 janvier. Un nombre important de rues, d’écoles, d’associations culturelles, de bâtiments communaux, d’entreprises utilisent son nom. Charlemagne, personnage épique, religieuse et prototype du roi croisé, se voit devenir un mythe avant tout. [ 1. Cordonnier R., Entre mythe et réalité, l’utilisation de la figure de Charlemagne à la fin du Moyen Afe (XIV-XV siècles). Volume I. Sciences Humaine, Grenoble. – 2008-2009. 2. Eginhard, La vie de Charlemagne. Paleo Eds, L’encyclopédie médiévale. – 2000 – pp. 10-160. 3. Histoire de la France dès origines a 1789. Ñïá., 1997. – ñòð. 34-39. 4. Fayet A., Fayet M., L’Histoire de la France tout simplement!, Eyrolles, 2010. – pp. 20-24. 5. Flavier J., Charlemagne, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1999. – p. 11. 6. Morrissey R., Charlemagne, dans Les lieux de Mémoire. Les Frances, Tome 3. Paris, 1992, p.631.
Sites Internet 1. http://www.yrub.com/histoire/charlemagne.htm 2. http://www.france-pittoresque.com/spip.php?article2288 [1] “Il y a le Charlemagne de la société vassalique, le Charlemagne de la Croissade et de la Reconquête, le Charlemagne de la Couronne de France ou de la Couronne impériale, le Charlemagne mal canonisé mais tenu pour vrai saint de l’Eglise, le Charlemagne des bons écoliers. Chalemagne tient un rôle dans le sacre de Napoléon, et il a sa part dans le patriotisme de la Toisième République. On trouve son effigie sur une monnaie de la Cinquième, et il donne son nom à un prix de l’Europe nouvelle.”, J. Flavier, Charlemagne, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1999, p. 11. [2] R. Morrissey, Charlemagne, dans Les lieux de Mémoire. Les Frances, Tome 3. Paris, 1992, p.631.
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